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Atos : Chronique des difficultés et des initiatives récentes pour un sauvetage

Depuis 2021, Atos, leader mondial de la transformation digitale, a traversé une période complexe marquée par des défis financiers et opérationnels importants. La nécessité de se réinventer et de s’adapter à un marché en constante évolution a conduit l’entreprise à entreprendre une réorganisation majeure, tout en faisant face à des difficultés inédites.


Les premières turbulences ont émergé en 2021, lorsque Atos a initié une révision stratégique de son portefeuille. Cette démarche visait à concentrer les efforts sur des secteurs à forte croissance tels que le Digital, le Cloud et la Sécurité, tout en se désengageant des activités traditionnelles, souvent moins rentables. Ces activités incluaient notamment la gestion d’infrastructures informatiques, la vente de matériel et de logiciels, ainsi que les services de communication unifiée. La décision de céder l’activité Unified Communications & Collaboration (UCC) a entraîné une dépréciation de 249 millions d’euros. Par ailleurs, une dépréciation supplémentaire de 883 millions d’euros a été enregistrée, liée à la révision des perspectives financières à moyen terme, impactant particulièrement l’Amérique du Nord et l’Europe Centrale.


Les dépréciations de goodwill ont lourdement pesé sur les résultats d’Atos. En 2021, l’entreprise a enregistré des dépréciations de goodwill et d’autres actifs non courants pour environ 1,9 milliard d’euros. Ces dépréciations étaient en grande partie dues aux révisions des perspectives financières à moyen terme et aux difficultés rencontrées dans certains segments, notamment en Amérique du Nord et en Europe Centrale. De plus, la gestion de certains projets a nécessité un recours accru aux sous-traitants pour compenser un taux d’attrition élevé, atteignant 18,6% en 2021, ce qui a augmenté les coûts de formation et de recrutement.


En 2023, Atos a également fait face à des dépréciations de goodwill significatives, enregistrant une dépréciation de 2,248 millions d’euros, avec 328 millions d’euros pour Tech Foundations et 1,920 millions d’euros pour Eviden. Ces dépréciations étaient en grande partie dues à la réévaluation des actifs suite à la renégociation de contrats fournisseurs et aux impacts négatifs des fluctuations des taux de change.



La pandémie de Covid-19 a également continué de perturber les activités d’Atos, en particulier dans les secteurs du Public & Défense et des Télécommunications, Médias & Technologies. Cette perturbation a conduit à une baisse des revenus et des marges opérationnelles. En réponse à ces défis, Atos a mis en œuvre un plan de réorganisation financière en avril 2024, présentant un cadre de refinancement pour faire face à ses niveaux de dette et à ses échéances à venir. Ce plan prévoyait un besoin de trésorerie de 1,1 milliard d’euros pour la période 2024-2025, financé par une combinaison de dettes et de capitaux propres. Une extension des échéances de la dette restante de 5 ans faisait également partie de ce plan.


Parmi les initiatives récentes visant à redresser la situation, Atos a reçu une lettre d’intention non contraignante de l’État français pour l’acquisition de 100% des activités de calcul avancé, de systèmes critiques de mission et de produits de cybersécurité de la division BDS (Big Data & Security). Cette acquisition, d’une valeur indicative comprise entre 700 millions et 1 milliard d’euros, vise à protéger les impératifs stratégiques souverains de l’État français. En juin 2024, le conseil d’administration d’Atos a décidé de procéder avec la proposition de restructuration financière soumise par le consortium Onepoint, composé de Onepoint, Butler Industries et Econocom. Cet accord devait fournir une liquidité financière adéquate pour financer les activités et assurer une structure de capital plus solide.


Cependant, à la fin de juin 2024, le consortium Onepoint s’est retiré des discussions, invoquant des conditions défavorables pour une solution durable. Cela a ouvert la voie à la prise de contrôle par les créanciers d'Atos, qui ont repris la gestion de l'entreprise pour sécuriser leurs investissements et tenter de stabiliser la situation financière du groupe. Le retrait de Kretinsky et l’abandon par Airbus des négociations sur la vente de ses activités stratégiques ont encore compliqué la situation, laissant Atos sous pression pour trouver une solution viable.


Atos continue de négocier avec ses créanciers pour finaliser un accord de restructuration financière définitif d’ici la fin juillet 2024, espérant ainsi tourner la page des turbulences des dernières années et se repositionner pour une croissance future durable.


Vous trouverez en PJ de cet article le dossier de présentation d'Atos.




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